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La Vérité pour Amandine
6 mai 2021

Le Parisien - 27 février 2021

Fontainebleau : les parents d’Amandine, morte à 14 mois à l’hôpital, réclament justice

L’enfant, hospitalisée pour une gastro-entérite, est décédée en 2016 dans le service pédiatrie où elle avait été admise quelques heures plus tôt. Pour la famille d’Amandine, la prise en charge a été insuffisante.

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Meaux, ce lundi. Me Natacha Haleblian, avocate de la famille, martèle que le drame est lié à un manque de personnel à l’hôpital ce soir-là. LP/Guénaèle Calant

Cinq ans après, Fabien et sa femme continuent de se battre en mémoire de leur fille. Amandine avait seulement 14 mois quand elle a été admise à l'hôpital de Fontainebleau (Seine-et-Marne) pour une gastro-entérite. Elle n'en est pas ressortie vivante.

C'était le 10 mars 2016. Depuis, ses parents, dévastés par le chagrin, se sont lancés dans une bataille judiciaire : ils dénoncent une prise en charge insuffisante. Pour eux, la mort d'Amandine s'explique par des négligences et du personnel insuffisant

Ils se sont d'abord tournés vers la Commission de conciliation et d'indemnisation (CCI) d'Ile-de-France afin d'éclaircir les circonstances du décès de leur fille. Une première expertise, menée à partir du dossier médical de l'enfant, évoque un problème cardiaque.

Les parents ne lâchent pas : ils obtiennent une contre-expertise qui, en avril 2019, conclut tout autre chose. Selon quatre experts, « les prescriptions et la surveillance mise en place par l'hôpital n'étaient pas adaptées ».

Victime de déshydratation ? Deux expertises le confirment

Le texte précise même que « la perte de chance liée à la non-correction de la déshydratation est supérieure à 90 % ». Pour eux, rien à voir avec un problème cardiaque. La CCI décide que la famille doit être indemnisée.

S'appuyant sur ce document, Fabien et sa femme envisagent de poursuivre l'hôpital au pénal. Ils se tournent vers Me Natacha Haleblian. En mai 2020, l'avocate meldoise – spécialisée en droit du dommage corporel – dépose plainte, avec constitution de partie civile, auprès du doyen des juges d'instructions du tribunal judiciaire de Fontainebleau. Et ce pour « homicide involontaire et désorganisation du service », à l'encontre de la direction de l'hôpital et de l'équipe médicale.

Une nouvelle expertise est ordonnée par le juge d'instruction. Ses conclusions, rendues le 1er février, confortent l'analyse des parents. « Elle dit qu'Amandine n'avait pas de problème cardiaque et que le lien entre le décès et la prise en charge non conforme de la déshydratation est direct, certain et exclusif », indique le père de la fillette.

Cinq heures séparent l'arrivée aux urgences et le décès

La terrible histoire, Fabien l'a racontée maintes et maintes fois. Les dates, les heures, il les connaît par cœur. Les termes techniques, il les a appris. Tout commence le 8 mars 2016, au matin. Amandine vomit. « Notre médecin nous a donné un traitement pour une gastro-entérite », se rappelle Fabien. Le lendemain, diarrhées.

Inquiets, les parents d'Amandine l'emmènent aux urgences de l'hôpital de Fontainebleau à 22h15. Elle est prise en charge à 22h40. Une perfusion est posée. A la demande de l'interne, l'enfant est hospitalisée en pédiatrie. « Elle n'a pas été scopée (NDLR : reliée à un monitoring pour surveiller ses paramètres vitaux) », poursuit le papa.

Les résultats de la prise de sang tombent à 0h12. Ils indiquent une augmentation du taux de sodium dans le sang, symptôme d'une déshydratation. « On m'a dit, après le décès, que les résultats avaient été communiqués à l'équipe soignante. Mais il ne s'est rien passé. J'ai vu que ma fille claquait des dents et avait les lèvres sèches. J'ai appelé l'infirmière, elle m'a dit de les humidifier », se rappelle le papa. Il avait confiance : « Je m'en suis entièrement remis à eux. Où pouvais-je être le mieux si ce n'est dans un service de pédiatrie ? »

«Rien n'a été caché aux parents», assure l'hôpital

A 1h40, la fillette est soudain prise de convulsions. « J'ai vu son bras se lever. Elle avait le regard fixe et vide. Le médecin senior est arrivé à 2 heures. Ils ont mis en place une oxygénothérapie, avec des lunettes nasales puis un masque. Le cauchemar. » A 2h30, nouvelle convulsion. L'arrêt cardiaque survient à 3h08. Les tentatives de réanimation se succèdent. En vain. « Elle n'a pas été bien prise en charge. Elle avait perdu beaucoup de poids », insiste Fabien.

Du côté de l'hôpital, on explique avoir « analysé les causes profondes de ce malheur ». « Une réunion a été organisée le 4 avril 2016 pour comprendre ce qu'il s'est passé et mettre en place un plan d'action derrière. C'était une rencontre entre les équipes médicale et paramédicale, ainsi que toutes les personnes engagées ce soir-là », indique Noëlle Ballouz, coordinatrice générale des soins, de la qualité et des relations avec les usagers.

Avant de poursuivre : « La situation a également été examinée en commission des usagers. Rien n'a été caché aux parents. Il n'y a eu aucun problème d'effectifs et de compétence. L'état de santé de l'enfant s'est détérioré très vite. » De son côté, Me Haleblian martèle qu'à l'époque, le personnel médical se limitait à « un interne et un senior de garde pour s'occuper à la fois des urgences, de la maternité, de la salle de naissance, de la néonatologie et de la pédiatrie ».

Guénaèle Calant - Le Parisien - Seine-et-Marne - 27 février 2021

Article paru sur le site du Parisien le 27 février 2021

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